jeudi 10 avril 2014

Guerilla Gargening! Pour le fun, par défiance, pour la beauté...

banc et poiriers palissés en façade - Bruxelles
Avez-vous déjà été interpellé par un espace vert laissé à l'abandon qui, du jour au lendemain se voit transformé en superbe petit jardinet urbain? Avez-vous déjà fait attention à ces jolis bulbes ou ces grands tournesols qui fleurissent au pied de certains arbres? Savez-vous qu'ils ne sont pas arrivés là par hasard? Quelle est la motivation de ces jardiniers en herbes qui s'exposent au mieux à l'indifférence, au pire au vandalisme? Cette forme d'expression urbaine s'appelle la "Guerilla Gardening" et ses adeptes cherchent à rendre l'espace public, notre ville, plus agréable, plus verte et plus colorée! Pourquoi laisser un bout de terre nue et stérile quand celui-ci pourrait accueillir tout un petit écosystème plein de vie?

Pied d'arbre fleuri à Bruxelles - Etterbeek
La Guerilla Guardening ou guérilla jardinière se définie comme un mouvement citoyen, potentiellement d'activisme politique, utilisant le jardinage comme moyen d'action environnementaliste, pour défendre le droit à la terre, la réforme agraire, la permaculture. C'est aussi un moyen agréable et utile d'égayer nos rues et de colorer les kilomètres de béton qui jalonnent nos trottoirs.


Les activistes occupent des endroits abandonnés, publics ou privés, et y mettent en place des récoltes, afin d'interpeller les pouvoirs sur leur utilisation. Potentiellement, tous les lieux ou surfaces nues peuvent ainsi être semés. Les buts multiples de ce situationnisme écologiste sont de créer une biodiversité de proximité dans les villes, des espaces communautaires conviviaux et de bousculer les limites de la propriété privée.

Un peu d'histoire...

#guerillagartdening  - Sunflowers 2013
D'origine espagnole, « guérilla » signifie « petite guerre », une guerre où des francs-tireurs lancent des assauts sporadiques au lieu de combattre en masses. En 516 avant JC, les Scythes résistèrent à l’envahisseur en menant des raids nocturnes contre les lignes de ravitaillement au lieu de s’en tenir aux champs de bataille habituel. Des espagnols prirent le nom de « guérilleros » lors de leur combat pour repousser Napoléon. Si les soldats sont apolitiques et suivent les ordres, les guérilleros sont autonomes, ils n’ont pas le poids de la bureaucratie, ils sont des électrons libres et ne répondent qu’à leur propre cause. Ils sont à la fois commandants et simples soldats et c’est ce combat indépendant et auto-suffisant qui rend le combat si efficace.

De nos jours...

Aujourd'hui, à l'heure où 80% des européens vivent en milieu urbain, il s'agit de s'insurger contre la monotonie et l’aseptisation systématique de l'espace public qui, sous prétexte de devoir contenter tout le monde, est devenu neutre, terne et insipide. Dans une ville comme Bruxelles où le temps peu être gris, les guerilla gardeners se font un point d'honneur de remettre un peu de vie et de couleur dans nos rues!

Narcisses au printemps
Pour ma part, l'envie de rendre mon quartier plus vert vient de la volonté de créer un espace convivial et agréable autour de chez moi. Pour ce faire j'ai d'ailleurs commencé par installer un banc public au pied de ma façade. Galvanisé par les encouragements de mes voisins, j'ai ensuite continué en plantant 2 poiriers palissés. J'avais déjà entendu parlé des "incroyables comestibles" qui partageaient de la nourriture produite en rue et l'idée de décorer ma maison avec de beaux arbres fruitiers me permettait ainsi d'allier esthétisme et production nourricière.

En matière d'urbanisme et de planification urbaine, la prise en compte de la dimension nature est de plus en plus présente. On parle de coulées vertes et de services écosystémiques rendus par la nature quand auparavant les décideurs avaient une approche de la ville et de la mobilité dominée par le tout-à-la-voiture (voiries, parking, etc). La prise en compte du bien-être des hommes en ville nécessite une refonte des politiques traditionnelles. C'est ainsi que des commune comme Bruxelles-ville octroient une prime à la plantation d'une plante grimpante (ICI!).
Mais quel est l'intérêt me direz-vous?

  • Favoriser la biodiversité en ville //services écosystémiques, aspects pédagogiques//,
  • Embellir nos espaces publics en ville //aspects esthétiques//,
  • Pouvoir jardiner sans pour autant être propriétaire d'un jardin //accès à la terre//,
  • Décompacter les fosses d'arbres et faciliter le drainage //gestion eaux pluviales, drainage, capacité absorption//
  • Encourager le dialogue entre voisins //aspects sociaux, bien vivre ensemble//
  • Susciter un sentiment de fierté et d’appartenance à une rue, à un quartier,
  • Permettre une réappropriation de la rue comme lieu d'échange et pas seulement comme lieu de passage //bienveillance, solidarité//
  • Réduire les actes de vandalisme //responsabilité citoyenne//
  • (...)


Comment rendre cultivable un sol initialement dur et sec?


Au moment de planter mes premières lavandes ou de semer mes premiers tournesols, je me suis heurté à un sol si dur et si sec que même avec une bèche j'ai eu du mal à creuser un trou de 10cm de profondeur... J'ai donc du m'adapter et élaborer une stratégie pour modifier les caractéristiques du sol. Il me fallait à la fois fertiliser le sol et le rendre plus souple. J'ai donc opté, dès le printemps 2013, pour la technique du Bois Raméal Fragmenté (B.R.F.) qui permet , grâce à l'ajout de broyat, de recoloniser le sol à l'aide de mycéliums. Ces champignons étant à la base d'une chaîne alimentaire comprenant des bactéries, de la microfaune et de la macrofaune, tout un écosystème se reconstitue, permettant à la fois un enrichissement du sol et son aération. Pour cela il est important de garder une certaine humidité. Par chance le printemps 2013 était fort pluvieux. J'ai par la suite complété ce changement physico-chimique du sol grâce à une plantation d'engrais vert d'hiver et notamment du trèfle blanc (Trifolium). Celui-ci a l'avantage de développer de nombreuses racines favorisant un réseau de drainage efficace tout en apportant l'azote nécessaires aux plantations suivantes. En effet, les fabacées (légumineuses) ont la capacité de fixer l'azote atmosphérique dans leurs racines. Cette spécificité permet aussi de résorber la "faim d'azote" générée par l'utilisation du BRF. 
Ainsi, au sortir de l'hiver, avec un peu de patience, j'obtiens une terre assez meuble, riche, pleine de vie, ayant une grande capacité de rétention d'eau. Il est donc possible d'y planter ce que l'on veut.

Pourquoi est-ce nécessaire d'informer ses voisins?

A Bruxelles, les poubelles sont ramassées au minimum 2 fois par semaine. Même si le règlement général de police stipule que chacun doit poser ses sacs poubelles le long de sa façade, nombre de nos concitoyens utilisent les pieds d'arbres comme dépotoir. Ce comportement, souvent motivé par le souci de faciliter la tâche des éboueurs, a pour conséquence le compactage et la pollution des pieds d'arbres. Mais surtout, il rend impossible toute initiative personnelle de reconquérir ce petit espace de vie par un semis de fleur ou toute autre plantation. C'est la raison pour laquelle il est préférable, voir indispensable d'informer et de sensibiliser ses voisins avant toute plantation. Cette précaution vous évitera certainement de grandes déceptions.

Quelles sont les plantes les plus adaptées aux pieds d'arbres?

Il n'y a ici pas de règle stricte, néanmoins certaines plantes résistent plus facilement à ce milieu parfois hostile des pieds d'arbres:
  • Les tournesols (faciles, emblématiques et surtout beaux)
  • les engrais verts (trèfle, luzerne, phacélie)
  • les belles fleurs mielifères, (phacélie, bleuets, coquelicots, soucis, etc.)
  • les légumes esthétiques (choux rouges, bettes à cardes multicolores, etc.)
  • les autres (chardon marie, cardère des oiseaux, sedums, ruine de Rome, violettes, etc.)


Au final, que vous soyez un véritable soldat de la GuerillaGardening ou un simple jardinier du dimanche, l'important est chacun puisse s'approprier les espaces publics laissés à l'abandon pour y installer ses plantes préférées...




Quelques vidéos sur le sujet:




Plus d'infos:
> PlantCatching
http://plantcatching.com/fr
> Incredibles Edibles Belgium
http://www.incredible-edible.info/
http://incredibleediblebelgium.wordpress.com/
> Guerrila Gardening
www.guerrillagardening.org
www.guerrillagardening.be
http://www.seedbomb.net/fr/
http://brussels-farmer.blogspot.be/
> Permablitz Ixelles
http://www.facebook.com/groups/471393142930868/?fref=ts
> Les Végétaliseurs
http://www.les-vegetaliseurs.com/
> Vegetal City - Schuiten
http://citevegetale.net/01.html
> Bruxelles Ville Verte - Ville Durable
http://www.villedurable.be/themas/ville-verte
> Plan Nature de Bruxelles
http://www.bruxellesenvironnement.be/Templates/news.aspx?id=35205
> Villes en transition - Bruxelles
http://www.entransition.be/doku.php/
xltransition.wordpress.com/


Articles:
> http://alternatives.blog.lemonde.fr/2013/04/19/cinq-idees-originales-pour-jardiner-sa-ville/
> http://economie.blog.lemonde.fr/2013/10/14/des-rues-appropriables-pour-des-villes-vivantes/



1 commentaires:

Gabe a dit…

Il y a aussi le site guerilla-gardening-france.fr si ça vous intéresse. :)
Bonne continuation dans vos actions.
Très bon article !
Gab