jeudi 14 avril 2011

Investir l'espace public, geste citoyen ou acte de vandalisme?

Plantation spontanée autour des Étangs d'Ixelles
A l'heure où des groupements de citoyens et autres initiatives communautaires, encouragées par des politiques volontaristes visant à développer la démocratie citoyenne et favoriser différentes formes d'expressions culturelles et artistiques, se développent un peu partout à Bruxelles et dans les noyaux urbains, se pose rapidement la question de la légitimité et de la légalité de ses actions.

Habitant Bruxelles depuis près de 10 ans maintenant, j'ai appris à apprécier son architecture propre et notamment les différentes formes d'appropriation de l'espace public de ses habitants.
Tantôt illustration de ses frustrations, tantôt expression d'une volonté de végétalisation de l'espace bétonné de la ville, prenant parfois la forme d'un grafitti ou d'un simple tag comme un bras d'honneur à toutes les conventions, il est possible de tomber nez-à-nez sur de petits chef d’œuvres au détour d'un croisement, sur une façade, dans un arbre ou dans un espace vert près d'un étang...

Compost collectif asbl WORMS
Bruxelles collectionne ainsi de nombreuses manifestations citoyennes, comme autant de volontés de personnalisation de l'espace public, qui par définition est neutre et impersonnel. Un peu partout dans le monde se développent ainsi des mouvements citoyens qui souhaitent simplement un peu égayer notre espace de vie commun en lui apportant une touche de fraicheur qui soutirera aux habitants un simple sourire en coin, voir un sentiment de bien-être.

Nichoir en cassettes recyclée
Ces initiatives sont bien souvent "border-line", car pouvant être qualifiées de "dégradation du bien public". Ainsi, lorsqu'il s'agit simplement de planter des bulbes ou d'organiser un "bomb seeding" dans des espaces désafectés ou au pied d'arbres, ces actions sont souvent tolérées. La question se pose souvent lorsque des personnes taguent ou graphent des murs en ville, dégradant des biens privés/publics et créant, pour certains, un sentiment d’insécurité...

Art de rue - toile d'araignée
Aujourd'hui à Bruxelles, alors que des projets tels que les Quartiers Durables, les Quartiers Verts, les Composts de Quartier ou Jardins Collectifs se développent de manière impressionnantes, il est évident que cette dynamique répond à un besoin des citoyens de se retrouver et de revenir à des relations sociales simples de voisinage. Relations qui se sont perdues et qui font cruellement défaut en milieu urbain.

Dans le même registre, Berlin est aussi une ville très dynamique et pro-active en matière d'appropriation de l'espace public. Peut-être est-ce là une conséquence des années de privations d'expressions diverses. En tous les cas, il est évident que Berlin est à l'heure actuelle une ville-théâtre à ciel ouvert qui permet l'expression sous forme de grafs, de jardins urbains, d'espaces de vie alternatifs, etc.



3 commentaires:

Fabrice Boyer a dit…

Très bel article, bravo et merci.

Elisabeth Poulain a dit…

Merci pour ces photos de Bruxelles et de Berlin.

A Ixelles, ces plantations au bord de l'étang proche de la Place Flagey sont-elles demeurées en place, quand la pelouse a été refaite? Ou bien était-ce une façon aimable de dire à la collectivité qu'elle devait se dépêcher de finir les aménagements paysagers?

J'ai noté pour ma part un peu de lassitude chez les jardiniers spontanés dans la rue Lesbroussard. Il y a beaucoup moins de plantations dans les mini-jardins de rue...

Unknown a dit…

En Automne dernier les plantations étaient encore bien présentes! Mais après la période de grand froid que l'on vient de connaître, je ne suis pas sur qu'ils aient résisté. De nouvelles initiatives existent, et en ces temps de crise et de sinistrose générale, j'ai le sentiment que la créativité des groupes et collectifs de citoyens se développent de manière inversement proportionnelle à notre économie...
http://www.lesoir.be/lifestyle/air_du_temps/2012-02-05/des-artistes-s-emparent-de-la-place-flagey-enneigee-895084.php