lundi 21 février 2011

Visite de la station d’épuration de Bruxelles-Nord – AQUIRIS

Dans le courant du mois de février, j’ai eu l’occasion de visiter la station d’épuration de Bruxelles-Nord grâce au concours de l’asbl « Coordination Senne », une association qui cherche à promouvoir l’épuration, l’assainissement et la réhabilitation de la Senne comme rivière à protéger. Lors de cette visite, j’ai pu constater que si le groupe Veolia est souvent décrié comme l’un des leaders mondiaux  du business de l’eau, ils sont aussi capables de mettre sur pied une super structure qui traite chaque jour 275.000m3 d’eaux usées provenant de 1,4 millions de personnes !



La génèse d’Aquiris : Un véritable défi technologique
 
Le site de la station de Bruxelles-Nord - AQUIRIS
Aquiris est né en 2007 d’un partenariat privé/public entre Véolia Water et la région Bruxelles Capitale (Iris). Issu d’un appel d’offre de marché public, Véolia Water assume la conception, la construction et l’exploitation de la station pour une durée de 20 ans. Le cahier des charges stipulaient des contraintes inégalées jusqu’alors :
  • Concevoir et construire sur fonds propres une station d’épuration capable de traiter les eaux usées d’environ 1,4 millions de personnes, et ce sur une surface réduite en bordure du canal de Willebroek, à hauteur du pont de Buda. Les données étaient alors 1,1 millions de personnes déversant 150L d’eaux usées par jour, soit 165 millions de litres d’eau à traiter par jour !
  • Développer un système en vase clos avec épuration de l’air vicié pour éviter toute odeur nauséabonde ;
  • Assurer une épuration de l’eau permettant son rejet dans la Senne en totale conformité avec les directives européennes de qualité d’eau.

Un condensé d’innovations et de technologies au service de l’épuration des eaux usées

Les eaux traitées se jettent dans la Senne
Au final, Véolia a donc remporté le contrat grâce à son savoir-faire et ses innovation technologiques. Ainsi le site optimise l’exploitation de la station grâce à la production d’électricité provenant d’une part de la récupération de biogaz issus de la fermentation des matières organiques et d’autre part d’une turbine qui récupère l’énergie libérée par l’eau durant le processus de traitement.  Au total en phase d’exploitation, la station produit déjà elle-même 18% de ses besoins en électricité. Elle produit 32 MWh par jour et consomme 182 MWh par jour.





Dès lors on peut légitimement se poser la question : comment faisait-on avant 2007 ? Et bien, parfois il vaut mieux ne pas se poser trop de questions…


Mais passons à la visite des installations qui a commencé par le site de traitement de l’eau

Le système de séparation des huiles par injection d'air sous pression
Les eaux usées collectées subissent une succession de traitements avant d’être rejetées dans la Senne : on élimine d’abord les gros déchets, puis les sables et les graisses, ensuite les particules en suspension et la pollution organique.












Le traitement des boues.

Le système de traitement des boues
Les boues séparées au cours du traitement des eaux sont traitées dans la station. Le processus mis en œuvre réduit drastiquement le volume des boues pour n’en conserver que la matière minérale – le technosable. On parvient à une réduction de plus de 99% du volume des boues extraites des eaux usées grâce à une élimination complète de l’eau et des matières organiques contenues dans celles-ci, limitant ainsi considérablement la quantité évacuée hors de l’usine par camion.
Ainsi le traitement d’épuration de 275 000 m³ d’eaux usées entrant quotidiennement dans la station produit 60 tonnes de matières sèches réduites à 15 tonnes de technosables sortant de la station.
Deux procédés complémentaires sont utilisés : la digestion en phase anaérobie et l’oxydation par voie humide. Les boues subissent différents traitements afin d’éliminer l’eau et les composés organiques.
Évacuation des boues
Les boues traitées par un additif sont acheminées dans des cuves de décantation. Après décantation, elles sont mélangées puis centrifugées afin d’éliminer le maximum d’eau. Les centrifugeuses extraient 15% de l’eau contenue dans les boues.

Le traitement de l’air

Le centre de gestion
L’air vicié, issu du traitement des eaux et des boues est collecté en permanence dans l’ensemble des installations de la station. L’air vicié produit par les bâtiments abritant les installations de traitement biologique et de traitement des boues est traité par voie biologique. L’air vicié produit par le bâtiment abritant les installations de prétraitement et de traitement de temps de pluies est traité par voie chimique. L’air épuré est renvoyé dans l’atmosphère.
466 000 m³ d’air vicié est traité par les unités de désodorisation par heure, ce qui équivaut à remplir un ballon de 96 mètres de diamètre par heure.


Pour information, cette station est actuellement gérée par une cinquantaine de personnes qui se relaient en équipes de 16 pour faire tourner la baraque 24h/24h.

Ainsi sont traitées les eaux usées de toute la région Bruxelles Capitale, brassant indifféremment les eaux issues des toilettes, de la salle de bain, du lave linge et du lave-vaisselle, et ce via un immense éseau d'égouttage qui centralise tous nos déchets liquides chez Aquiris. Bien souvent, c'est donc de l'eau potable que l'on jette aux égouts et il y a là de grandes remises en question à opérer. On peut parier sur le cout de plus en plus élevé de l'eau qui nous obligera dans les années à venir à la consommer avec parcimonie, comme on peut dès à présent essayer de fermer le robinet à chaque fois que cela est possible pour éviter tout gaspillage. C'est souvent l'affaire d'un simple geste à acquérir!

Je vous encourage vivement à visiter personnellement cette installation pour vous rendre compte par vous même de la complexité et du gigantisme de ce complexe industriel.

 Je vous laisse quelques photos de la visite:

Le bassin à centrifuge pour un traitement grossier
Jonction mobile entre les bassins de décantation

Visite et observation des bassins de décantation et floculation des dernières particules
 Pour conclure, je vous propose un petit film de présentation de la station: 



Pour plus d'informations:
// www.aquiris.be
// Water Makes Money, le film. Présente la face cachée des processus de privatisation de l'eau à travers le monde et les enjeux à la fois financiers, humains et sanitaires en présence. Pour informations, la ville de Paris, comme de nombreuses communautés d'agglomérations sont en passe de reprendre le contrôle sur la gestion publique de l'eau.




// Polémique de fermeture d'aquiris. En décembre 2009, la station d'épuration de Bruxelles-Nord Aquiris a fermé brutalement et totalement, déversant dans la rivière adjacente, la Senne, des millions de litres d'eau souillée. A l'époque, Evelyne Huytebroeck, alors Ministre du Gouvernement de la RBC compétente pour l'environnement et la politique de l'eau se retrouvait dans la tourmente.
// Aucun argument ne justifiait la fermeture de la station d'épuration - La Libre 13/01/2011

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