mercredi 5 août 2015

#cleanthebeach, tout l'art de nettoyer les plages en recyclant nos déchets!

Ces dernières semaines l'île de La Réunion a été sous le feu des projecteurs après la découverte de débris de l'avion MH370, disparu dans l'océan Indien le 8 mars 2014. Au-delà de l'aspect improbable et cocasse, cet évènement  aura néanmoins eu le mérite de mettre en avant une problématique réelle sur l'île, à savoir la gestion de ses déchets! En effet, sur ce territoire insulaire de 2.512 km2, soumis à une croissance démographique forte, les prévisions estiment à plus de 1 million le nombre d'habitants à l'horizon 2030. Chaque réunionnais produisant 666.3 kilos de déchets ménagers par an. Il faut savoir que tous ces déchets sont actuellement enfouis au cœur de 2 décharges géantes (Centres d'Enfouissement Techniques) déjà en sur-saturation et arrivant respectivement à échéance d'exploitation en décembre 2015 et décembre 2017... Soit demain. Mais comment en est-on arrivé là et que pouvons-nous faire à l'échelle individuelle? J'ai donc pris le parti de m'en amuser et de faire ma part (du colibri) en ramassant, à chaque sortie plage, les déchets anthropiques trouvés sur la plage. Et je ne suis jamais revenu bredouille! Je me suis ensuite demandé que faire de tous ces déchets... Alors je les ai recyclés. Tout simplement. En m'amusant.
#cleanthebeach


Comment en est-on arrivé là?

Depuis plus de 30 ans différents plans de prévention et de gestion des déchets se sont succédés, affichant à chaque fois de pieux objectifs jamais atteints. Désintérêt de la population pour cette problématique? Sujet brûlant de type "patate chaude" que se transmettent les politiciens locaux de mandat en mandat? Ou attentisme collectif coupable et fataliste face à ces dommages collatéraux, conséquences inéluctables de notre société de consommation, moteur de notre croissance et de notre course au progrès? Certainement un peu de tout cela en même temps... 

Notre île souffre et nous le fait savoir...

Pourtant la réalité nous rattrape et la Réunion croule littéralement sous ses déchets. Les conséquences en matière de santé publique et d'environnement ne sont peut être pas encore suffisamment visibles, mais certains signes ne trompent pas :
# Crise du chikungunya - Les multiples décharges sauvages à La Réunion favorisent les eaux stagnantes et par conséquence les foyers de prolifération des moustiques, vecteurs de la maladie.
# Crise du saturnisme - Cette maladie, conséquence directe d'une exposition élevée au plomb a été détectée en 2009 dans un quartier du port. Des analyses de l'Agence de Santé de l'Océan Indien (A.R.S.) ont démontré une contamination élevée des sols en plomb. Nombre d'enfants habitant le quartier présentaient des taux plomb anormaux et des mesures ont du être prises pour sécuriser les lieux et les personnes y vivant.
# En juillet 2013, des analyses de compost auprès de la CIVIS ont révélé des taux de plomb jusqu'à 4 fois supérieurs aux normes autorisées. La responsable environnement concluait à une contamination d'origine humaine (Article de Zinfos974.com). 
# Au même moment, en juillet 2013, un article publié sur le site Pressecologie à propos du projet citoyen BandCochon.re relayait le nombre hallucinant de 2.061 batteries recensées un peu partout sur l'île, disséminées dans la nature... Depuis, faute de soutiens et de moyens, les porteurs du projets, véritables "lanceurs d'alerte", ont dû jeter l'éponge, laissant un vide derrière eux, comme un goût d'inachevé dans le cadre d'un projet social et environnemental que l'on aurait dû décréter d'"utilité publique".
# Crise requin - Même si les causes ne sont pas officiellement définies et circonscrites, il est probable que le facteur "déchets rejetés à la mer" et modification de l'environnement joue un rôle significatif dans la multiplication des attaques de squales ces dernières années.
# Du 15 juin au 15 juillet 2015 a eu lieu une enquête publique sur le prochain Plan Départemental Déchets. Il est dommage que personne n'ait communiqué plus sur le sujet. Le Département de La Réunion (www.cg974.fr), qui dispose d'un compte facebook n'a même pas trouvé pertinent de poster un seul article sur son mur... Il est vrai qu'il s'agit simplement de l'avenir des filières de traitement des déchets ménagers réunionnais. On parle ici d'investissements de près de 680 millions d'euros hors taxes (chiffres du Memento juillet 2015), et de choix de filières très controversées telles que l'incinérateur et/ou les Tri-Mécano-biologiques (TMB).

Une responsabilité collective et individuelle...

Tous ces éléments posent la question de l'attitude, tant de certains citoyens réunionnais peu scrupuleux qui n'hésitent pas à se débarrasser de leurs déchets dans la ravine voisine ou le terrain vague du coin, que de l'attentisme des responsables politiques en matière de verbalisation des fraudeurs. Mais plutôt que de pointer du doigt les éventuels responsables, posons nous la question de l'état des filières spécifiques de recyclage et de traitement des déchets à La Réunion. Quels sont les freins à leur développement et à la multiplication des entreprises du secteur? Quels sont les incitants? Comment sont organisées les collectes de déchets dangereux, les filières spécifiques de DEEE, de pneus usagés, de matériaux de construction, d'huiles usagées, de plastiques, de papiers, etc? N'est-il pas possible d'encourager un peu plus les filières de recyclage, des ressourceries capables à la fois de recycler certaines matières tout en pourvoyant du travail?

Un cadre légal pour préserver la santé humaine et l'environnement et pourtant...

L'Europe a depuis 2008 édicté sa directive cadre déchets (2008/98/CE), qui pose la cadre régissant la prévention et la gestion des déchets au sein de l'Union Européenne, érigeant certains principes supranationaux:
  • le principe du pollueur-payeur, 
  • le principe de proximité « gérer les déchets au plus près du lieu de production »,
  • la responsabilité élargie du producteur.

Elle pose, par ailleurs, les bases d’un processus de sortie du statut de déchets.
La directive-cadre énonce la hiérarchie des déchets qui devra être mise en œuvre dans la législation et la politique des États membres :

    1.     prévenir la production de déchets
    2.     préparer les déchets en vue de leur réemploi
    3.     les recycler
    4.     les valoriser (incinération avec production minimale d’énergie)
    5.     les éliminer de manière sûre et dans des conditions respectueuses de l’environnement.
      5.1 - l'incinération sans production d'énergie
      5.2 - les centres d'enfouissements techniques (décharges)

La Réunion, de par son statut ultra-marin, est aussi soumise aux règles communautaires. Pourtant il est aisé de comprendre que certaines filières peinent à s’installer faute de volumes conséquents permettant le développement d'une industrie du recyclage efficace et rentable. La tentation est alors forte pour certains d'envoyer quelques containers vers certaines destinations bien moins regardantes en matière d'environnement et de santé humaine... D'autant que ce genre de trafic peut rapidement être très juteux!

N'est-il pas alors du rôle des autorités d'encourager et de soutenir ces nouvelles filières du recyclage dont on nous dit depuis 10 ans qu'elles sont porteuses d'emplois?

"Jeter dans la ravine", un héritage des comportements de nos parents?

Je ne rentrerais pas dans une analyse socio-historique des réunionnais dans leur relation aux déchets, mais en deux mots, s'il était encore possible de jeter une série de déchets biodégradables dans la ravine dans les années 50, ce comportement n'est plus tolérable de nos jours, simplement parce la composition des déchets est différente et qu'elle est constituée essentiellement de plastiques et autres matières qui se décomposent en plusieurs centaines, voir milliers d'années. 
C'est à ce niveau que l'éducation et la prévention des déchets doivent être efficientes.

Bon, c'est bien beau tout ça mais qu'est-ce qu'on fait maintenant?

Et bien on se retrousse les manches, on empoigne son seau et on ramasse les déchets sur la plage! Sur que cela ne nous empêchera pas d'être ensevelis sous une montagne de déchets, mais au moins on aura des plages propres pour nos enfants et les touristes (#gotoreunion) et la conscience tranquille du devoir accompli.

De plus, j'ai appris dernièrement que cela permettait aussi de sauver nos tortues et nos oiseaux marins! En effet, ceux-ci ingèrent régulièrement des petits bouts de plastiques et autres déchets, qui leur bouchent les voies respiratoires et/ou le tube digestif... Résultat, ils meurent étouffés ou de faim. Alors si on peu leur éviter cela, c'est plutôt sympa!

Exemple d'une tortue victime de la pollution aux plastiques et autopsiée à kélonia:


Exemple d’oiseaux morts après avalé des débris, travail du photographe Chris Jordan :



Alors de mon coté, j'en ai aussi profité pour assouvir une pulsion créatrice (encore un coup de mon cerveau droit qui se révolte) et réaliser de petits tableaux reprenant le nom d'amis, de la famille, afin de leur offrir. Oui, bon, offrir des déchets en cadeau, et pour noël en plus, fallait oser me direz-vous! Néanmoins j'ai une famille formidable qui me fait croire jusqu'à présent que cela leur fait plaisir.

Autrement j'ai aussi croisé une artiste au marché de Saint-Pierre le samedi matin. Elle fabrique des bijoux dans le plastique des jantes de vélo... je vous encourage à aller voir, c'est génial! Et super beau et délicat.
> Les P'tit Déjantées by Flo.

Alors je vous laisse vous faire votre propre idée et vous souhaite une bonne plage en famille!

Et n'oubliez pas votre seau ;-)

Et publiez la photo de votre pêche avec le Hashtag : #cleanthebeach






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